Prêt destiné à acquérir des parts sociales : notion de consommateur et prescription

par | 1 Oct, 2022 | Actualités juridiques

Prêt parts sociales, consommateur et prescription

La Cour de cassation a rendu le 20 avril 2022 (Civ. 1re, 20 avr. 2022, n° 20-19.043) une décision que nous trouvons à la fois étonnante et intéressante. La question est de savoir si une personne physique qui contracte un prêt personnel pour financer l’acquisition de parts sociales peut être considérée comme un consommateur ? N’est-ce pas plutôt une activité professionnelle ?  L´enjeu est de taille puisque les règles diffèrent notamment en termes de prescription. 

Les faits : le financement bancaire de parts sociales

Un couple marié avait financé l’acquisition de parts sociales par un prêt. Un détail qui n´en est pas un : le prêt ne précisait pas la société dont les parts allaient être acquises. La situation aurait été anodine s’ils n´avaient rencontré des difficultés de remboursement. La banque avait alors saisi les comptes du couple. 

Les époux demandèrent en justice l’annulation de la saisie. Le premier juge leur donna raison en estimant que le délai de prescription de deux ans était dépassé. Pour cela, il se basa sur un texte réservé aux consommateurs, l’article L. 218-2 du Code de la consommation, qui prévoit que « l’action des professionnels, pour les biens ou les services qu’ils fournissent aux consommateurs, se prescrit par deux ans ».

Le débat sur la notion de consommateur et ses conséquences

Mécontent avec cette décision de justice, l’organisme bancaire forma appel et fut entendu par la Cour d ´appel. Cette dernière estima à l’inverse que les époux n’étaient pas des consommateurs car le prêt était destiné à l’achat de parts sociales.  La conséquence était que la prescription de deux ans réservée aux consommateurs devait être écartée au profit du délai de cinq ans de l´article L. 110-4 du code de commerce. 

Nous voyons donc ici l’importance pratique de la qualification de prêt à la consommation sur la prescription.

Un pourvoi en cassation : les faits au cœur du débat

Le couple forma un pourvoi en cassation. Ce qu´il reprochait aux magistrats de la Cour d´appel était de les avoir considérés comme étant des professionnels en se basant uniquement sur l’objet de l’opération, à savoir la fameuse acquisition de parts sociales.

Selon les emprunteurs, il ne faisait aucun doute que la qualité de consommateurs devait s´appliquait ayant contracté en dehors leur activité professionnelle, et même s´il s´agissait de l´achat de parts sociales.

Au contraire, la banque défendait une position opposée. Les emprunteurs avaient acquis les parts sociales de la boulangerie dans laquelle ils étaient salariés. Ils étaient dès lors des professionnels.

La Cour de cassation s’est finalement rangée du côté des emprunteurs. Les hauts magistrats ont considéré que : « la personne physique qui souscrit un prêt destiné à financer l’acquisition de parts sociales ne perd la qualité de consommateur que si elle agit à des fins qui entrent dans le cadre de son activité professionnelle.

Pour rejeter la fin de non-recevoir tirée de la prescription biennale de l’action en recouvrement de la banque, l’arrêt retient que l’opération était destinée à financer l’acquisition de parts sociales, ce qui exclut que les emprunteurs puissent être considérés comme des consommateurs.

En statuant ainsi, alors que l’acquisition de parts sociales ne suffisait pas, à elle seule, à exclure la qualité de consommateur des emprunteurs, la cour d’appel a violé le texte susvisé. »

En d´autres mots, ce n´est pas parce qu´un emprunteur achète des parts sociales qu´il cesse d´être un consommateur.

Toutefois, la solution aurait été différente si la banque avait pu démontrer que le prêt était destiné à l’activité professionnelle des emprunteurs. 

Le cabinet vous conseille et vous défend en cas de contentieux sur un prêt bancaire.  

Besoin d’une consultation avec un Avocat
Prenez rendez-vous immédiatement en ligne ! 
89 euros TTC

               

Avocat droit bancaire

Défense et conseil de vos intérêts, avocat en droit du crédit, en droit des moyens de paiement ou en réglementation bancaire. 

avocat droit des sociétés

Avocat en défense et conseil sur les litiges entre associés, sur la responsabilité des dirigeants, litiges R.C.S ou la gestion juridique des sociétés

Avocat droit commercial

Défense et conseil de vos intérêts sur les fonds de commerce et sur les baux commerciaux, ainsi que sur l’ensemble des relations et contrats commerciaux

avocat recouvrement de créances

Recouvrement de créances , par l’injonction de payer, le référé ou la procédure au fond.

Découvrez nos packs recouvrement de factures impayées.

Entrer en contact

Avoir une estimation gratuite ou prendre rendez-vous

Secret professionnel

Personne ne sera informé de nos échanges et de son contenu.

Sécurité

L’ensemble des transferts de fonds sont placés sur le compte de la CARPA.

Fidélité

L’engagement de loyauté à l’égard de son client est l’un des principe essentiel de la déontologie des avocats. 

Compétence

L’avocat bénéficie d’une expertise en droit et suit une formation annuelle d’actualisation lui permettant d’assurer un service juridique d’excellence.