Lettre de Transport Aérien (LTA) : Définition et cadre juridique

par | 5 Oct, 2024 | Exprime Avocat

La Lettre de Transport Aérien (LTA), ou Air Waybill (AWB), est un document émis par le transporteur aérien pour attester de la prise en charge des marchandises destinées à être transportées par voie aérienne. Elle joue un rôle essentiel dans la gestion des opérations de transport aérien, tant au niveau national qu’international, en tant que preuve du contrat de transport et document d’accompagnement des marchandises.

Elle est régie par des conventions internationales telles que la Convention de Varsovie (1929) et la Convention de Montréal (1999), ainsi que par des législations nationales, notamment le Code des Transports en France.

Définition et fonction de la lettre de transport aérien

La Lettre de transport aérien est un document standardisé par l’IATA (International Air Transport Association) qui formalise les conditions du contrat de transport entre l’expéditeur et le transporteur. Elle permet d’assurer une traçabilité complète des marchandises tout au long du processus de transport. Ce document remplit plusieurs fonctions juridiques importantes :

  • Preuve du contrat de transport : La LTA constitue une preuve écrite de l’accord entre l’expéditeur et le transporteur. Elle précise les modalités de livraison des marchandises, y compris les responsabilités de chaque partie.
  • Document de gestion et de contrôle : Elle accompagne les marchandises tout au long de leur acheminement, facilitant leur suivi logistique. En tant que document d’accompagnement, elle est utilisée pour vérifier l’état des marchandises lors de leur livraison.
  • Document douanier : La LTA contient des informations nécessaires aux autorités douanières pour faciliter l’importation et l’exportation des marchandises. Elle est indispensable pour accomplir les formalités douanières et garantir que les marchandises respectent les régulations en vigueur dans les pays concernés.

Régime juridique international de la LTA

Convention de Montréal (1999)

Avec l’entrée en vigueur de la Convention de Montréal, un assouplissement du régime de la LTA a été introduit. Contrairement à la Convention de Varsovie, la Convention de Montréal a établi que l’absence de LTA ou son irrégularité n’affecte pas sa validité (article 9). Le contrat de transport reste valable et les limitations d’indemnité demeurent applicables même si la LTA n’est pas émise correctement.

La Convention de Montréal a également modernisé la gestion du transport aérien en permettant la dématérialisation de la LTA. L’article 4, §2, autorise l’utilisation de la LTA électronique (e-AWB), un outil de plus en plus répandu dans l’industrie aérienne qui permet de simplifier les formalités administratives et de réduire les coûts liés à la gestion des documents papier.

Régime national : Le Code des transports Français

En France, le Code des Transports régit le transport aérien de marchandises sur le territoire national. Selon l’article L. 6422-1, le contrat de transport aérien de marchandises doit être constaté par une lettre de voiture ou un récépissé, qui mentionne que le transport est effectué par aéronef. Ces documents ont une fonction similaire à celle de la LTA dans les transports internationaux, bien que leur contenu soit encadré par le Code de commerce français, en particulier l’article L. 132-9, qui énumère les mentions obligatoires devant figurer sur le titre de transport.

En pratique, la LTA standardisée de l’IATA est largement utilisée pour les transports intérieurs, car elle permet une meilleure harmonisation avec les standards internationaux et facilite les échanges commerciaux.

Établissement et responsabilité liée à la LTA

Responsabilité de l’expéditeur

L’expéditeur est responsable de l’exactitude des informations fournies dans la LTA. En vertu de l’article 7 de la Convention de Montréal, si le transporteur établit la LTA à la demande de l’expéditeur, il n’agit qu’en tant que mandataire et n’est responsable que de ses propres fautes. L’expéditeur doit donc s’assurer que toutes les informations concernant les marchandises (poids, nombre de colis, nature des marchandises, etc.) sont correctes.

En cas d’erreur dans les informations fournies, l’expéditeur engage sa responsabilité. Par exemple, une fausse déclaration concernant des marchandises dangereuses pourrait entraîner la nullité du contrat de transport ou des sanctions pour l’expéditeur.

Obligation de vigilance du transporteur

Le transporteur a une obligation de vérification des informations contenues dans la LTA, en particulier si celles-ci paraissent incohérentes ou incorrectes. En cas de manquement à cette obligation, le transporteur pourrait être tenu pour responsable des conséquences dommageables. Par exemple, si le transporteur ne vérifie pas le contenu de la LTA alors que certaines informations sont manifestement erronées, il pourrait être accusé de faute inexcusable.

Mentions obligatoires de la LTA

Selon l’article 5 de la Convention de Montréal, la LTA doit contenir les informations suivantes :

  • Les points de départ et de destination,
  • Les escales dans un État tiers si le transport traverse plusieurs États,
  • Le poids des marchandises transportées.

Ces informations sont essentielles pour établir les responsabilités du transporteur en cas de dommage ou de retard. En l’absence de ces mentions, la LTA pourrait être considérée comme irrégulière, bien que le contrat de transport reste valide en vertu de l’article 9 de la Convention de Montréal.

Nombre d’exemplaires de la LTA

La Convention de Varsovie et la Convention de Montréal prévoient que la LTA se compose de trois exemplaires originaux :

  1. Un exemplaire pour le transporteur, signé par l’expéditeur,
  2. Un exemplaire pour le destinataire, signé par l’expéditeur et le transporteur, qui accompagne la marchandise,
  3. Un exemplaire pour l’expéditeur, signé par le transporteur.

Ces trois exemplaires assurent une traçabilité et une preuve solide du contrat de transport. La LTA permet aussi aux transporteurs d’émettre plusieurs copies additionnelles selon leurs besoins logistiques internes.

Conséquences de l’absence ou de l’irrégularité de la LTA

Comme indiqué précédemment, l’article 9 de la Convention de Montréal dispose que l’absence ou l’irrégularité de la LTA n’affecte ni l’existence, ni la validité du contrat de transport. En pratique, cela signifie que le transporteur demeure responsable des marchandises dès lors qu’il les a prises en charge, même si une LTA n’a pas été émise ou si elle comporte des erreurs. Cette disposition vise à protéger l’expéditeur et le destinataire contre d’éventuelles défaillances du transporteur.

Fonction probatoire et force juridique de la LTA : 

Preuve du contrat et de ses conditions

La LTA constitue une preuve du contrat de transport, et ce, jusqu’à preuve contraire. Selon l’article 11 des Conventions de Varsovie et de Montréal, la LTA fait foi des informations qu’elle contient, notamment en ce qui concerne le poids, les dimensions et l’emballage des marchandises. Toutefois, les informations relatives au volume et à l’état des marchandises ne font preuve que si elles ont fait l’objet d’une vérification contradictoire par le transporteur.

Sans vérification contradictoire au moment de la prise en charge des marchandises par le transporteur, les informations inscrites sur la LTA concernant la quantité, le volume et l’état des marchandises ne valent que comme une déclaration unilatérale de l’expéditeur. Elles n’ont donc pas de force probante vis-à-vis du transporteur. Cela signifie que le transporteur n’est pas obligé de les accepter comme étant exactes sans preuve supplémentaire.

Si l’expéditeur veut prouver l’exactitude des informations qu’il a fournies (par exemple, le nombre de marchandises contenues dans un colis), il doit apporter des preuves complémentaires, comme un certificat douanier, si la marchandise a fait l’objet d’un contrôle.

Etat des marchandises

Concernant l’état des marchandises, si les informations ne concernent pas l’état apparent et qu’il n’y a pas eu de vérification contradictoire, les informations inscrites sur la LTA ne font pas foi. Le transporteur ne peut donc être tenu responsable de l’état des marchandises à moins que l’expéditeur ne démontre leur bon état lors de la prise en charge.

Toute tentative du transporteur de s’exonérer de sa responsabilité pour les dommages ou pertes des marchandises, serait contraire aux principes des Conventions de Montréal et de Varsovie. En effet, ces conventions établissent clairement la responsabilité du transporteur pour la perte ou l’avarie des marchandises (article 18 des deux conventions).

Toute clause qui tenterait d’exonérer totalement le transporteur de sa responsabilité serait considérée comme nulle et non avenue selon ces conventions.

Cession de la LTA

Contrairement à d’autres documents de transport, comme le connaissement maritime, la LTA n’est pas négociable. La Convention de Montréal n’envisage pas la possibilité de transférer la propriété des marchandises par simple endossement de la LTA. Cette absence de négociabilité a pour conséquence que la LTA ne peut être utilisée comme titre représentatif de la marchandise. Toutefois, dans certains cas spécifiques, les LTA peuvent comporter une clause à ordre, permettant une cession sous certaines conditions, bien que cette pratique soit rare en transport aérien.

Conclusion

La Lettre de Transport Aérien (LTA) est un document essentiel dans le cadre des opérations de transport aérien de marchandises, tant au niveau national qu’international. Elle constitue une preuve du contrat de transport et un outil indispensable pour la gestion des marchandises tout au long de leur acheminement. Encadrée par des conventions internationales comme la Convention de Varsovie et la Convention de Montréal, elle est également régie par les législations nationales, telles que le Code des Transports en France.

L’évolution vers la LTA électronique représente une modernisation significative, permettant de répondre aux besoins croissants de rapidité, de traçabilité et de sécurité dans le commerce international. Les entreprises et transporteurs doivent donc s’adapter à ces nouvelles pratiques tout en respectant les obligations juridiques liées à l’émission et à la gestion de la LTA.

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