Ester en justice : définition et guide pratique

par | 3 Fév, 2024 | Exprime Avocat, Vie quotidienne

Ester en justice

Ester en justice signifie intenter une action en justice, c’est-à-dire prendre l’initiative de porter un litige devant une juridiction afin de faire trancher un différend. Lorsqu’une personne ou une entité décide d’ester en justice, elle devient partie à un procès, agissant en tant que demandeur/plaignant (celui qui engage le procès).

Cette notion reflète la capacité ou le droit d’une personne ou d’une entité d’initier une action en justice. Cet article vise à comprendre cette notion, ses implications pratiques et ses limites.

Définition

« Ester en justice » signifie prendre l’initiative de saisir une juridiction pour faire valoir ses droits ou défendre ses intérêts. Cette faculté est encadrée par le Code de Procédure Civile, qui détermine qui peut agir en justice, dans quelles conditions, et selon quelles procédures.

Condition pour ester en justice

Capacité juridique

Personne physique : La capacité d’ester en justice est intrinsèquement liée à la capacité juridique, c’est-à-dire la capacité d’avoir des droits et des obligations. En principe, toute personne physique jouit de cette capacité dès sa naissance jusqu’à sa mort. Cependant, certaines personnes, comme les mineurs non émancipés ou certaines personnes sous tutelle, peuvent voir leur capacité d’agir en justice restreinte et doivent être représentées par leurs tuteurs légaux.

Personnes Morales : Les personnes morales, telles que les sociétés, les associations ou les fondations, ont également le droit d’ester en justice. Ce droit est exercé par leurs représentants légaux, dans le cadre des pouvoirs qui leur sont conférés par la loi ou les statuts de l’entité.

Intérêt à agir

L’un des principes fondamentaux conditionnant la recevabilité d’une action en justice est l’existence d’un intérêt à agir. Cela signifie que pour pouvoir saisir une juridiction, le demandeur doit justifier d’un intérêt légitime et direct à la solution du litige. L’intérêt doit être personnel, né et actuel, excluant ainsi les actions menées purement par intérêt général ou pour le compte de tiers, sauf dispositions légales contraires.

Procédures et voies de recours

L’action judiciaire implique de suivre un procédure spécifique, qui varie selon la nature du litige, le type de juridiction saisie, et les règles de procédure applicables. Il faudra tout d’abord vérifier la compétence du tribunal à saisir puis faire délivrer une assignation.

A la suite de l’enrôlement de l’affaire, les parties devront respecter une phase de mise en état, puis plaider l’affaire. Le tribunal prononcera une date de délibéré et les parties recevront la décision. Les parties disposent également de différentes voies de recours (appel, pourvoi en cassation) pour contester une décision de justice.

En savoir plus sur la procédure devant le tribunal judiciaire ou devant le tribunal de commerce.  

Limites et restrictions

Bien que le droit d’ester en justice soit largement protégé, il existe des limites visant à prévenir les abus. Par exemple, la loi impose souvent des délais de prescription au-delà desquels les actions ne sont plus recevables. De plus, les tribunaux peuvent sanctionner les actions dilatoires ou abusives par des amendes ou des dommages-intérêts.

Ainsi, la partie qui a pris l’incitative de la demande peut se voir opposer une fin de non-recevoir.

La fin de non-recevoir porte sur les moyens juridiques qui peuvent être invoqués pour obtenir le rejet d’une demande en justice sans qu’il soit nécessaire d’examiner le fond de l’affaire. Les fins de non-recevoir peuvent être basées sur divers motifs, tels que le défaut d’intérêt, l’absence de qualité pour agir, ou l’autorité de la chose jugée (art 122 CPC).

Textes essentiels

Code de Procédure Civile

Article 31 : Énonce le principe de l’intérêt à agir, stipulant que l’action en justice n’est recevable que lorsque le demandeur justifie d’un intérêt légitime et direct.

Article 32-1 : Prévoit la sanction des abus de droit d’ester en justice, permettant au juge de condamner l’auteur d’une demande jugée abusive à une amende civile et à des dommages-intérêts.

Article 42 du Code de Procédure Civile : Il établit que, sauf disposition contraire, une action est portée devant la juridiction du lieu où demeure le défendeur, avec des dispositions spécifiques si le défendeur réside à l’étranger ou si son domicile est inconnu.

Article 73 du Code de Procédure Civile : Cet article porte sur l’exception de procédure qui constitue tout moyen qui tend soit à faire déclarer la procédure irrégulière ou éteinte, soit à en suspendre le cours.

Article 122 du Code de Procédure Civile : Il définit la fin de non-recevoir comme tout moyen qui tend à faire déclarer l’adversaire irrecevable en sa demande, sans examen au fond, pour des motifs tels que la prescription, le délai préfix, la chose jugée, etc.

Conclusion

La capacité d’ester en justice permet aux individus et entités morales de défendre leurs droits et intérêts légitimes. Néanmoins, cette capacité est encadrée par des règles strictes, visant à assurer l’équilibre entre la liberté d’accès à la justice et la nécessité d’éviter les litiges infondés ou abusifs. La compréhension de ces règles est essentielle pour toute personne souhaitant engager une action en justice.

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