L’action en contrefaçon de marque permet de protĂ©ger les droits des titulaires de marques. C’est une action judiciaire qui vise Ă sanctionner les atteintes portĂ©es Ă la marque, et rĂ©parer le prĂ©judice subi. Le Code de la propriĂ©tĂ© intellectuelle (CPI), dĂ©finit les droits confĂ©rĂ©s par la marque et les sanctions encourues en cas de violation.
Cet article se propose de prĂ©senter de maniĂšre prĂ©cise et dĂ©taillĂ©e les contours de l’action en contrefaçon de marque.
Les conditions de l’action en contrefaçon de marque
Le droit dâagir en justice
Pour engager une action en contrefaçon, le plaignant doit dĂ©montrer qu’il est titulaire d’une marque valablement enregistrĂ©e et protĂ©gĂ©e (L.716-4-2 CPI).
L’action en contrefaçon concerne principalement le titulaire du droit de marque. Elle est recevable pour les faits postĂ©rieurs Ă la publication de la demande d’enregistrement (CPI, art. L. 716-4-1). En cas de transfert de droits, l’action est recevable aprĂšs la publication du titre d’acquisition au registre national des marques.
Le licenciĂ©, exclusif ou non, peut agir en contrefaçon avec l’accord du titulaire, sauf stipulation contraire. Le licenciĂ© exclusif peut agir si le titulaire n’exerce pas ce droit aprĂšs mise en demeure dans un dĂ©lai raisonnable (CPI, art. L. 716-4-2).
DĂ©lai dâaction
Lâarticle L. 716-4-2 prĂ©cise que l’action en contrefaçon se prescrit par cinq ans Ă compter du jour oĂč le titulaire d’un droit a connu ou aurait dĂ» connaĂźtre le dernier fait lui permettant de l’exercer
Compétence des tribunaux
Les actions civiles concernant les droits de propriété industrielle relÚvent du tribunal judiciaire. Seules certaines juridictions ont une compétence exclusive en la matiÚre : Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Nanterre, Nancy, Paris, Rennes, Strasbourg et Fort-de-France.
La Cour de cassation rappelle le caractĂšre strict de cette disposition (Cass. com., 14 oct. 2020, no 18-21.419).
Lâatteinte au droit de la marque et confusion de marques
La contrefaçon de marque se produit lorsqu’une personne non autorisĂ©e exploite la marque d’un titulaire sans son autorisation. L’atteinte Ă la marque peut rĂ©sulter de la reproduction, de l’imitation ou de l’apposition du signe litigieux. En cas de reproduction identique de la marque, il y a contrefaçon.
A contrario, lâaction en contrefaçon fondĂ©e sur la confusion de marques fait lâobjet dâune analyse dĂ©taillĂ©e par les juges. Il sâagit de vĂ©rifier la similitude entre deux marques. Plus prĂ©cisĂ©ment vĂ©rifier si lâexploitation dâune marque entraine un risque de confusion dans l’esprit du public Ă lâĂ©gard dâune autre marque. Ce risque doit ĂȘtre apprĂ©ciĂ© globalement, en tenant compte de l’ensemble des facteurs pertinents, tels que la similitude des signes, des produits ou services, et la notoriĂ©tĂ© de la marque.
CritĂšre de la confusion de marques
Plus ces similaritĂ©s prises dans leur ensemble sont importantes, et plus se caractĂ©rise un risque de confusion pour le consommateur. Et sâil y a risque de confusion, il y a contrefaçon.
La comparaison des signes sâapprĂ©cient diffĂ©remment selon la qualification du signe. Par exemple, pour comparer deux signes verbaux, on fait trois analyses.
- Analyse visuelle : Câest-Ă -dire combien de lettre sont diffĂ©rentes dans le mot.
- Analyse phonĂ©tique : Il sâagit de prendre en compte le nombre de syllabes similaire mais aussi le positionnement. La syllabe dâaccroche est la plus importante (la 1er).
- Analyse conceptuelle (ou intellectuelle)Â : Il sâagit dans ce cas de prendre en compte le sens des mots.
Les juges ont une analyse trĂšs rigoureuse sur ce type de contentieux (Cour. Cass. 27 mars 2019, Pourvoi nÂș 17-18.733 ; pour un recours contre dĂ©cision de lâINPI CA Bordeaux 25 octobre 2022, nÂș 21/05929).
La preuve de la contrefaçon
Le titulaire de la marque doit établir que le défendeur a utilisé, sans son autorisation, un signe identique ou similaire à sa marque pour désigner des produits ou services identiques ou similaires.
Les moyens de preuve
La contrefaçon peut ĂȘtre prouvĂ©e par tous moyens (CPI, art. L. 716-4-7). Les recours aux mesures d’instruction in futurum peuvent ĂȘtre utilisĂ©e (art.L.145 CPC).
Toute personne ayant qualitĂ© pour agir en contrefaçon peut Ă©galement solliciter une saisie-contrefaçon (CPI, art. L. 716-4-7, al. 2). La saisie-contrefaçon est une procĂ©dure rapide et non contradictoire permettant au titulaire d’un droit de marque de recueillir des preuves en cas de soupçon de contrefaçon.
Elle autorise l’huissier, Ă©ventuellement accompagnĂ© d’un expert, Ă accĂ©der Ă des locaux pour trouver des preuves de contrefaçon. Cette procĂ©dure est trĂšs souvent mise en Ćuvre.
Enfin, les douanes peuvent retenir des marchandises suspectĂ©es de contrefaçon Ă la demande du titulaire des droits ou d’office (article L. 716-8 du CPI). La retenue dure dix jours ouvrables (trois pour les denrĂ©es pĂ©rissables) et permet au titulaire du droit de justifier des mesures conservatoires ou d’engager une procĂ©dure civile ou pĂ©nale.
En cas d’accord du dĂ©tenteur et du titulaire du droit, les marchandises peuvent ĂȘtre dĂ©truites sous contrĂŽle douanier.
Sanctions de la contrefaçon de marque
Sanctions civiles
Le titulaire de la marque peut demander au juge d’ordonner la cessation immĂ©diate des actes de contrefaçon. Cette mesure peut ĂȘtre assortie d’une astreinte, c’est-Ă -dire d’une somme d’argent due par le contrefacteur pour chaque jour de retard dans l’exĂ©cution de la dĂ©cision.
Le titulaire de la marque peut Ă©galement obtenir rĂ©paration de son prĂ©judice par l’octroi de dommages et intĂ©rĂȘts. Le montant de l’indemnisation dĂ©pendra de l’ampleur du prĂ©judice subi, qui peut inclure le prĂ©judice matĂ©riel, moral et la perte de chance.
Le juge peut Ă©galement ordonner la publication de la dĂ©cision de justice dans des journaux ou sur des sites internet, aux frais du contrefacteur, afin d’informer le public de la condamnation.
Sanctions pénales
En plus des sanctions civiles, la contrefaçon de marque est Ă©galement sanctionnĂ©e pĂ©nalement. L’article L716-10 du CPI prĂ©voit ainsi une peine de 4 ans d’emprisonnement et une amende de 400 000 euros pour la contrefaçon de marque. Les sanctions pĂ©nales peuvent ĂȘtre aggravĂ©es en cas de rĂ©cidive ou si les faits sont commis en bande organisĂ©e.
Le juge pénal peut ordonner la confiscation des produits contrefaisants, ainsi que des matériels et instruments ayant servi à leur fabrication ou à leur diffusion.
En cas de condamnation pour contrefaçon de marque, le juge peut Ă©galement prononcer la fermeture temporaire ou dĂ©finitive de l’Ă©tablissement ayant servi Ă la commission des faits.
ElĂ©ment pratique de la procĂ©dure de l’action en contrefaçon de marque
La saisie-contrefaçon
Comme indiquĂ© prĂ©cĂ©demment, avant d’introduire une action en contrefaçon de marque, le titulaire de la marque peut solliciter auprĂšs du prĂ©sident du tribunal judiciaire une autorisation de saisie-contrefaçon. Cette mesure conservatoire permet de recueillir des preuves de la contrefaçon et d’Ă©valuer l’ampleur du prĂ©judice.
L’assignation en justice
L’action en contrefaçon de marque est introduite par une assignation devant le tribunal judiciaire qui est compĂ©tent en matiĂšre de propriĂ©tĂ© intellectuelle. L’assignation doit contenir l’exposĂ© des faits, les demandes du titulaire de la marque et les moyens de preuve.
La procĂ©dure de l’action en contrefaçon de marque est contradictoire, c’est-Ă -dire que les parties ont la possibilitĂ© de prĂ©senter leurs arguments et leurs preuves. Le juge peut Ă©galement ordonner des mesures d’instruction, telles que des expertises, des auditions ou des enquĂȘtes. Ă l’issue de l’instruction, le juge rendra sa dĂ©cision, qui pourra faire l’objet d’un appel devant la cour d’appel.
Conclusion
L’action en contrefaçon permet de sanctionner les atteintes portĂ©es Ă la marque et de rĂ©parer le prĂ©judice subi par le titulaire. Toutefois, la complexitĂ© de cette procĂ©dure nĂ©cessite le recours Ă un Avocat en propriĂ©tĂ© intellectuelle pour vous accompagner et vous aider Ă protĂ©ger au mieux votre marque.
Notre cabinet vous assiste dans la procĂ©dure de dĂ©pĂŽt dâune marque et vous dĂ©fend en cas de contentieux.