Acquisition en LBO : Financement et risques juridiques

par | 7 Mai, 2024 | Articles droit des sociétés, Exprime Avocat

Le financement des acquisitions d’entreprises occupe une place centrale dans les stratégies de croissance des sociétés. Les opérations de leveraged buyout (LBO) sont devenues des mécanismes courants pour les entreprises cherchant à accélérer leur développement par l’acquisition d’autres entités.

Un LBO, ou rachat avec effet de levier, est une opération financière par laquelle une entreprise est acquise majoritairement via l’endettement, les actifs de l’entreprise cible servant souvent de garantie pour les prêts contractés. Ce type d’opération permet aux sociétés de réaliser des acquisitions significatives sans devoir mobiliser une proportion importante de capitaux propres.

Cependant, si les LBO peuvent offrir des avantages substantiels, tels que l’optimisation fiscale, ils comportent également des risques juridiques. De la gestion des remontées de dividendes à la transmission universelle du patrimoine, chaque stratégie financière impliquée dans un LBO nécessite une évaluation minutieuse pour éviter les problèmes légaux et les conflits d’intérêts qui peuvent survenir.

Dividende et convention de trésorerie

Remontée de dividendes et risques associés dans le contexte des opérations de LBO

La remontée de dividendes est une pratique financière courante dans les opérations de leveraged buyout (LBO), où la société cible distribue une partie significative de ses bénéfices sous forme de dividendes à la société holding qui l’a acquise. Cette stratégie permet à la holding de générer des liquidités nécessaires pour rembourser les dettes contractées lors de l’acquisition de la cible.

Toutefois, cette pratique n’est pas sans risques. La distribution systématique et excessive de dividendes peut entraîner des conséquences juridiques si elle compromet la capacité de la société cible à se développer ou à répondre aux crises économiques. Par exemple, la jurisprudence a déjà sanctionné une société pour avoir distribué de manière systématique tout le bénéfice distribuable. La société n’avait pas réservé une part des bénéfices au développement de sa clientèle, ce qui l’a rendue vulnérable à la rupture d’une relation commerciale majeure.

En outre, un arrêt du 15 janvier 2002 de la Cour de cassation a condamné une société pour avoir imposé des sacrifices à ses concessionnaires sans prendre des mesures équivalentes elle-même, distribuant plutôt des dividendes à ses actionnaires, ce qui a été perçu comme un abus du droit de vote par les actionnaires majoritaires. Ce type de gestion peut entraîner des sanctions judiciaires si les décisions prises par les actionnaires majoritaires sont jugées contraires à l’intérêt de l’entreprise, pouvant même mener à des demandes de nullité des décisions abusives en justice.

Mesures de précaution et bonnes pratiques

La distribution de dividendes doit donc être équilibrée et ne pas excéder un certain seuil pour éviter de compromettre la solvabilité ou le développement futur de la société cible. Il est conseillé de limiter généralement la distribution à un maximum de 50 % des bénéfices pour préserver la capacité de l’entreprise à investir dans son activité et à maintenir sa stabilité financière.

Conventions intragroupe et transferts de trésorerie dans les opérations de LBO

Dans les structures de leveraged buyout (LBO), les conventions intragroupe, et notamment les conventions de trésorerie, sont des outils financiers utilisés pour optimiser la gestion des liquidités au sein d’un groupe. Ces conventions permettent souvent au holding de contrôle d’accéder à la trésorerie de la société cible pour financer ses besoins, notamment le remboursement des emprunts contractés pour l’acquisition.

Les risques juridiques associés à ces conventions se produisent lorsque leur mise en œuvre peut être perçue comme déséquilibrée ou sont préjudiciables à la société cible. Ainsi une convention de trésorerie déséquilibrée, qui prive systématiquement la société cible de ses liquidités sans contrepartie adéquate, constituera une faute de gestion de la part des dirigeants.

En outre, les conventions intragroupe qui privent la société cible de ressources financières de manière injustifiée peuvent également être qualifiées d’abus de biens sociaux. Cela se produit lorsque les dirigeants de la société cible, souvent sous contrôle du holding, agissent contre l’intérêt de leur propre société pour favoriser le holding contrôleur. Si ces conventions ne sont pas clairement justifiées par un intérêt commun et ne présentent pas de contrepartie réelle, elles peuvent être requalifiées en abus de biens sociaux, exposant les dirigeants à des responsabilités pénales.

Mesures de précaution et bonnes pratiques

Pour éviter ces risques, il est crucial que toutes les conventions de trésorerie intragroupe soient équilibrées, transparentes et qu’elles incluent des contreparties clairement définies qui reflètent un intérêt véritable pour toutes les parties impliquées. Il est recommandé de documenter minutieusement la justification économique de ces transactions et de s’assurer qu’elles sont réalisées à des conditions de marché équivalentes.

Opération sur le capital et transmission universelle du patrimoine

Réduction de capital et ses conséquences dans les opérations de LBO

Dans le cadre des opérations de leveraged buyout (LBO), la réduction de capital non motivée par des pertes est une stratégie utilisée par les sociétés holdings pour alléger leur endettement. Cette opération permet à la holding de percevoir des revenus en remboursant une partie des apports des associés ou en attribuant du numéraire aux associés, facilitant ainsi le remboursement de ses dettes.

Cependant, cette pratique n’est pas dénuée de risques et peut être source de contentieux juridique, notamment en matière d’abus de majorité. Dès lors, la réduction de capital peut être contestée si elle est perçue comme étant contraire à l’intérêt social de la société cible, notamment si elle sert uniquement les intérêts des majoritaires au détriment des minoritaires.

En outre, la réduction de capital peut également porter atteinte aux intérêts des créanciers sociaux, puisque le capital social constitue leur gage. La loi offre la possibilité aux créanciers de former opposition à toute réduction de capital qui les préjudicierait. Si une telle opposition est formée, elle est portée devant le tribunal de commerce qui peut ordonner le remboursement des créances ou la constitution de garanties au profit des créanciers.

Mesures de précaution et bonnes pratiques

Les décisions de réduction de capital doivent être prises avec une grande prudence. Si une réduction de capital est effectuée dans des conditions qui pourraient être interprétées comme un abus de majorité, la nullité des décisions prises peut être demandée en justice. De plus, si cette réduction porte préjudice à l’intérêt social, la responsabilité des dirigeants peut être engagée pour faute de gestion, pouvant mener à des sanctions civiles ou pénales.

Dès lors, il est conseillé aux sociétés impliquées dans des opérations de LBO de s’assurer que toute réduction de capital est justifiée par des raisons légitimes et ne nuit pas à l’intérêt de la société cible ou à celui de ses créanciers. Les décisions doivent être prises dans le respect des règles de quorum et de majorité et doivent être justifiées par une volonté réelle de rationaliser les opérations et non simplement de transférer des valeurs aux holdings ou aux actionnaires majoritaires.

Transmission universelle du patrimoine

La transmission universelle du patrimoine (TUP) est une stratégie fréquemment utilisée dans les opérations de leveraged buyout (LBO), permettant à la société holding d’acquérir tous les actifs et passifs de la société cible. Cette technique est souvent mise en œuvre par le biais d’une fusion-absorption, où la société cible est absorbée par le holding, résultant en une simplification de la structure corporative et une optimisation fiscale.

Avantages et risques juridiques de la TUP

La TUP offre plusieurs avantages, tels que la rationalisation de la gestion et l’optimisation des coûts. Elle permet au holding d’utiliser directement les actifs et la trésorerie de la cible pour rembourser les dettes, souvent contractées pour financer l’acquisition initiale. Ce processus peut également faciliter un remboursement plus rapide des emprunts grâce à l’accès direct aux flux de trésorerie de la société absorbée.

Cependant, cette pratique comporte des risques juridiques significatifs, notamment en termes de gestion des conflits d’intérêts et de protection des actionnaires minoritaires. La fusion rapide, en particulier, peut être perçue comme une manière pour le holding de spolier les actifs de la cible, soulevant des questions d’abus de majorité si les intérêts des actionnaires minoritaires sont lésés. La jurisprudence a identifié des situations où la fusion rapide pouvait être contestée si elle se faisait au détriment de l’intérêt social de la cible ou si elle entraînait une dilution inéquitable des intérêts des minoritaires.

En outre, la mise en œuvre d’une TUP peut également engendrer des responsabilités pour les dirigeants en cas de faute de gestion. Si la fusion est réalisée sans une évaluation adéquate des conséquences pour la société cible ou si elle résulte en une insuffisance des actifs pour couvrir les passifs, les dirigeants peuvent être tenus responsables. En outre, si la fusion est considérée comme un acte anormal de gestion ou si elle est perçue comme une façon de dissimuler des transferts de valeur au profit des dirigeants ou d’autres parties liées, cela peut entraîner des sanctions pénales.

Mesures de précaution et bonnes pratiques

Pour minimiser ces risques, les fusions et transmissions universelles de patrimoine doivent être effectuées par un professionnel, de tel sorte que les intérêts de tous les actionnaires, y compris les minoritaires, soient pris en compte. La transparence dans la communication des termes de la fusion, ainsi que l’obtention de l’approbation des actionnaires de la cible, sont essentielles pour garantir la légitimité de l’opération.

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